La réception des phénomènes de radicalisation par l’administration pénitentiaire

  • Conférence
  • 12 mai 2021
  • 18h-20h

L’Ecole de Criminologie Critique Européenne de la Faculté de Droit vous propose de participer à cette conférence qui s’inscrit dans un cycle intitulé : Radicalisation et Droits de l’Homme.
Le conférencier :
Loïc Lechon, Conseiller pénitentiaire d’insertion et de probation (CPIP) et Référent « radicalisation violente », Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation (SPIP) de Charente Maritime, Formateur-relais « radicalisation violente », Direction Interrégionale de Nouvelle Aquitaine

12
mai

L’administration pénitentiaire est l’une des institutions publiques ayant été confrontée de longue date à la question de la radicalisation violente. Qu’elle soit de nature politique, idéologique, religieuse, cette problématique a pu être traditionnellement observée chez les personnes incarcérées en matière de terrorisme, tout au long du 20ème siècle, particulièrement dans certaines maisons d’arrêt de région parisienne ainsi qu’en maisons centrales. Après des mouvements terroristes indépendantistes, et/ou politiques dans les années 60, 70 puis 80, la France a été touchée par des vagues d’attentats islamistes en 1986 puis 1995. La prise en charge pénitentiaire des auteurs, une fois arrêtés puis incarcérés, ne relevait d’aucun dispositif national et demeurait individuelle car quantitativement exceptionnelle, en raison, notamment, de la faible fréquence des différents attentats. L’année 2015, marquée par les attaques de janvier et novembre, a constitué un tournant et le début d’un véritable effet de masse, via l’affluence exponentielle de détenus inscrits dans un processus de radicalisation violente. Depuis cette date, les attentats se sont malheureusement enchainés et de nombreux et différents profils vont coexister en détention :  les auteurs et complices présumés des différents attentats, les « revenants » de la zone syro-irakienne, ceux ayant tenté de rejoindre DAECH en Syrie et qui ont été arrêtés en Turquie. Vont se joindre à ces «TIS » (pour « terroristes islamistes ») de nombreuses personnes incarcérées pour des infractions de droit commun et qui vont questionner l’administration quant à un éventuel processus de radicalisation en détention, désignés « DCSR » (droits communs susceptibles d’être radicalisés).

Ce nouveau contexte quantitatif va imposer aux autorités la nécessité d’une véritable politique nationale de prise en charge de la radicalisation à travers quatre plans gouvernementaux (de 2015 à 2018). Dans un contexte de gestion de crise, de nombreuses questions vont devoir être abordées à commencer par celle de l’affectation en détention des personnes radicalisées, entre regroupement ou répartition. Cette réponse publique, marquée parfois par une sur-réaction et certains échecs, va évoluer grâce à une meilleure appréhension de la problématique de la radicalisation violente en phase de détection. Les phases suivantes de l’évaluation et de la prise en charge se confrontent à des dispositifs récents, encore difficilement évaluables ainsi qu’à des problématiques propres à l’incarcération. Enfin, l’administration pénitentiaire se trouve également confrontée à la question de la radicalisation violente en milieu ouvert, d’où de nouveaux dispositifs internes et partenariaux qui pourront vous être présentés.

  • Jean Motte dit Falisse
    Maître de conférences en criminologie. Codirecteur de l’Ecole de Criminologie Critique Européenne – ECCE, directeur du Master Interdisciplinaire de Criminologie Critique et du Diplôme universitaire de Criminologie Interculturelle
  • Loïc Lechon
    Conseiller pénitentiaire d’insertion et de probation (CPIP) et Référent « radicalisation violente » Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation (SPIP) de Charente Maritime Formateur-relais « radicalisation violente » Direction Interrégionale de Nouvelle Aquitaine

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